Cuisinons le PAV

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Résidence de recherche

Accueillies par Embassy of Foreign Artist
juillet - septembre 2021, Genève

La mutation urbaine des quartiers Praille Acacias Vernets, d’une ampleur exceptionnelle tant par ses dimensions que par sa temporalité, est aujourd’hui entamée : les premiers chantiers de préparation, de déconstruction et de rénovation ont débuté.

La ville de Genève, par son bâti et ses aménagements publics, est largement minérale. Le sol et le sous-sol sont excavés pour laisser place aux parkings souterrains ; la pierre est utilisée sous de multiples formes, des pavés aux parements des immeubles ; le béton, lui-même composé de gravats, de sable, de ciment et d’eau, est omniprésent, bien que souvent invisible dans l’ossature du bâti et des infrastructures.

Mais d’où viennent ces matériaux, qui semblent apparaître comme par magie pour composer nos rues, nos lieux de vie et de travail ? Où va la matière évacuée en creusant ? Que sont-ils précisément ?

La transformation urbaine est en marche ;
mais de quoi se compose-t-elle, matériellement ?

A l’heure où le contenu de nos assiettes est de plus en plus scruté par les autorités et les consommateur.rice.s, faisant des notions de sécurité et de transparence alimentaires de véritables sujets de société, la composition et la provenance de nos environnements bâtis restent largement méconnues. Pourtant, quand on sait que le domaine de la construction est un des postes les plus émetteurs de gaz à effets de serre et de déchets, c’est un sujet majeur qui doit être adressé collectivement.

Les architectes Jade Apack, Estelle Roussel et Léa Uguen, membres du collectif Lost&Find, ont proposé à travers le projet “Cuisinons le PAV” de partir à la découverte des “recettes” de la ville présente et future du PAV.

Ce projet de recherche-action a été mené dans le cadre d’une résidence de trois mois, de juillet à septembre 2021, encadrée par Embassy of Foreign Artists. Ce programme de résidence artistique fondé en 2012, a lancé en 2019, en collaboration avec le Canton de Genève un cycle intitulé “Art & Territoire” consacré aux transformations urbaines. Il a pour objet de questionner de manière critique, sous le prisme du thème “Minéralité”, les mutations en cours dans le quartier du PAV, où se situe la Maison Baron, bâtiment qui héberge le programme de résidence.

Pendant ces trois mois, les résidentes ont réalisé une série d'interventions éphémères dans l'espace public, afin de sensibiliser et partager réflexions et autres questionnements sur le rapport à la minéralité et sa composition au sein du quartier du P.A.V. Ces installations ou animations ont donné lieu à une publication dans le cadre de la quinzaine de l'urbanisme (consultable ci-dessous).

Le Superdiscount de la matière :
Un jeu ludique implanté aux abords des nouvelles gares du CEVA du Grand Genève, afin de se questionner concrètement sur les composants et les provenances réels des principaux matériaux de ces gares, soit le béton armé, le métal, l'aluminium & le verre. Cette intervention mouvante autour des différentes gares a permis d'échanger et d'interroger la notion de matériaux dits "locaux".

Le Diptyque du Déjà-Là :
Cette installation en diptyque est née de l’envie de questionner la minéralité déjà présente dans le PAV et les différentes “secondes vies” qui pouvaient être données à des minéralités similaires basées sur des structure en béton.

La Tour Firmenich et la caserne des Vernets sont deux sites aux histoires parallèles :

Des contextes proches en bord d’Arve, construits dans les années 1950’s/60’s dans cette période d’urbanisme et d’aménagement des rives de la rivière, autour de matériaux similaires : le béton. 

Et aujourd’hui, ces deux sites qui connaissent une phase de transformation en même temps, cependant les “nouvelles vies” de leur matérialité et de leur minéralité, sont complètement différentes : 

Ces deux sites, d’époques et d’histoire similaires, voient donc leur minéralité prendre des futurs différents et des formes différentes. Là où l’un reste statique dans sa forme, ses usages, ses transformations inexistantes, l’autre se voit presque “disparaître”, par la forme nouvelle, concassée et entassée qu’elle prend, puis réinjectée en faible proportion dans la “nouvelle” minéralité des futurs bâtiments du PAV. 

L'origine du Monde :
Comme une entraille en lévitation, cette installation invite à basculer le regard vers ce gît sous nos pieds. En découvrant l’origine
géologique de la minéralité, elle met en exergue notre rapport souvent déconsidéré au sous-sol. Les couches géologiques sont ici inversées et leurs épaisseurs raccourcies : passé les premiers centimètres de bitume, on découvre progressivement les 25 000 ans de création des remblais, alluvions, moraines, et molasses qui composent les 100 premiers mètres sous le PAV - ceux qui seront excavés par les fondations des nouvelles tours, et qui finiront complètement mélangés lors du comblement de gravières.


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